La vie de Tata

Journal de bord d’une catsitteuse

La semaine passée, j’ai rendu service à des amis en m’occupant de leur chat pendant qu’ils prenaient un peu de bon temps.

Pardon pour celui ou celle qui vient de s’étouffer en buvant son café.

Mais oui, vous avez bien lu.

Je me suis occupée d’un chat.

Moi, Tata, la personne qui hais plus que tout au monde cet animal sournois et malveillant.

En plus d’en avoir peur, je déteste vraiment les chats.

Mais j’aime énormément mes amis …

Du coup, j’ai décidé de mettre à profit ces quatre jours, pour voir si nos différents sont irréconciliables ou si un jour, je pourrais devenir une femme à chats.

Alors déjà, l’animal en question se prénomme Duchesse.

Et comme on peut s’y attendre avec un prénom comme celui-là, c’est elle qui décide.

Duduche et moi, n’avons pas démarré notre histoire du bon pied.

Ou plutôt, de la bonne cuisse …

Mais j’ai décidé de faire un effort, de mettre ma rancune de côté et de lui laisser le bénéfice du doute quant à ses intentions envers moi.

Vous la voyez peut-être comme une petite chatte adorable avec son pelage noir et délicat.

Mais moi, je vois un animal terrifiant, qui a tenté de mettre fin à mes jours.

Je me prépare donc mentalement et physiquement pour affronter cette bête féroce qui mesure tout de même environ 45 cm.

Parce que j’ai vraiment la pétoche.

Vous pouvez rigoler.

Je m’en fiche …

Jour 1 :

Armée de ma tenue de combat (la plus couvrante et la plus épaisse que j’ai pu trouver dans ma garde-robe),  j’entre dans l’antre de la bête.

Aucun signe de vie du félin.

J’aurai pu me contenter de changer sa litière et la nourrir.

Ainsi, j’aurai évité un face à face et mon devoir aurait été accompli.

Mais la pauvre bête a été victime d’une blessure qu’il faut surveiller (le karma ?).

Je tente donc de l’attirer avec ses croquettes saveur saumon, mais toujours rien.

Me voilà donc partie à la recherche de Madame.

Après dix bonnes minutes, je la trouve à un endroit que j’étais certaine d’avoir déjà vérifié (fourbe en plus de ça).

Et avec tout mon savoir-faire (c’est-à-dire aucun), je tente une approche délicate.

Elle se barre loin de moi en levant la queue et en dandinant des fesses.

Avec une démarche pareille, c’est certain que sa blessure va bien.

Une petite voix en moi me dit quand même qu’elle a passé une grosse partie de la journée seule.

Et j’ai un peu une âme de Brigitte Bardot.

Je m’installe donc dans le fauteuil afin de lui offrir un peu de compagnie.

Ou plutôt, une présence, parce que je ne me sens pas prête à ce qu’on se serre dans les bras/pattes l’une de l’autre.

Après un certain temps, voyant que je l’indiffère, je m’en vais en lui souhaitant une  bonne nuit.

J’ai survécu à ma première journée.

Jour 2 :

J’entre dans la maison en entonnant un très chaleureux : « Bonjour Ducheeeeessssse ! »

Mais mon ton enjoué ne suffit pas à la faire venir à moi.

Par contre, elle doit bien être dans la maison …

Sinon, ça veut dire qu’un sanglier est entré en douce pour retourner la moitié de la litière dans la cuisine.

Pendant que je nettoie les bêtises de Lucif…

Pardon, de Duchesse, j’entends des bruits bizarres provenant du salon.

Comme si quelqu’un grattait le fauteuil.

Soit un zombie est planqué en dessous (rien de surprenant, vu qu’on est à Halloween).

Soit j’ai trouvé Duchesse.

Bingo !

L’animal est bien là. 

Je la regarde.

Elle me regarde.

Je la regarde.

Elle me regarde.

Et je suis presque certaine d‘entendre en fond, « L’homme à l’harmonica » d’Ennio Morricone.

Comme je sens que cette histoire va encore mal finir pour moi, je la laisse gagner.

Je décide alors de remplir sa gamelle avec de la pâtée au poulet.

Me sentant observée, je me retourne et voit qu’elle me fait enfin l’honneur de sa présence.

Maîtresse Duchesse, par l’odeur alléchée, m’a tenu à peu près ce langage :

Miaou, miaou et miaouuu.

Enfin un point commun !

Duduche et moi, on ne résiste pas à l’appel d’un bon repas.

Je la laisse donc profiter de son festin pour chat.

Et après avoir passé un peu de temps près d’elle (à me sentir encore de trop), je suis rentrée chez moi.

Jour 3 :

Je ne me dégonfle toujours pas (et mes amis comptent sur moi).

J’ai bon espoir qu’après deux jours à être le seul être humain de sa vie, elle va me montrer un peu de reconnaissance.

Mais non.

Après une troisième partie de cache-cache, où j’ai quand même pensé un moment l’avoir perdue (et je ne faisais pas la fière), je trouve la bestiole.

En guise de salutation, elle me souffle dessus en me montrant ces grandes dents acérées.

Je ne suis vraiment pas rassurée.

Mais je ne suis plus une débutante et j’ai amené quelque chose avec moi …

Des friandises pour chat.

Son regard s’adoucit.

Elle semble intéressée et s’approche doucement.

On dirait moi, devant une boîte de chocolats.

Serait-ce le début d’une amitié ?

Minou ne le voit pas de cet oeil-là.

Et estimant que je ne distribue pas les gâteries assez vite, elle me saute dessus toutes griffes dehors.

Je hurle.

Elle déguerpit en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Retour à la case départ pour toutes les deux.

Une amitié ne se construit pas du jour au lendemain.

Et demain sera un autre jour …

Jour 4 :

Dernier jour pour tenter de devenir copine …

C’est très mal parti.

Depuis que je suis arrivée, elle se lèche les coussinets et ne me décroche aucun regard.

Oh mon dieu …

Est-ce que je suis devenue l’esclave d’un chat ?

Depuis le début de cette aventure, j’ai un petit objectif que j’ai préféré garder secret.

Pour ne pas qu’on me mette la pression … (mon entourage trouve ridicule ma peur des chats).

Mais j’ai bien envie d’oser lui faire une caresse.

Du coup, je ressors mon arme secrète, les gougouilles pour chat.

Enfin, je suis digne d’intérêt …

Je profite de son approche pour lui faire une douceur sur la tête.

J’ai chaud, j’ai mal au ventre et je me sens vraiment …

Très fière de moi.

N’allez pas imaginer que nous nous sommes câlinées mutuellement en oubliant les vestiges du passé.

C’était une doudouce furtive.

Mais correcte pour une première.

Et une fois ses bonbons terminés …

Elle m’a de tout façon envoyé bouler.

Bilan de cette expérience :

Je n’aime toujours pas les chats. 

Et je pense que les chats (ce chat en tout cas) ne m’aiment pas.

Mais j’ai affronté une de mes peurs et j’en suis sortie grandie (vivante !).

Duchesse ne m’a montré aucun intérêt, ni aucun signe de respect.

Mais j’espère que la prochaine fois que qu’elle aura envie de me prendre pour un arbre à chat, elle repensera à ces quatre jours passés avec moi …

Tata Mackintosh

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