La vie de Tata

L’histoire de mes gros nénés.

Quand j’étais adolescente, toutes mes copines rêvaient d’avoir de plus gros seins.

Moi, c’était tout le contraire.

Ma poitrine a commencé à pousser lorsque j’avais neuf ans. Je m’en souviendrai toute ma vie, j’ai reçu un soutien-gorge comme cadeau de Noël.

La honte…

A douze ans, je faisais le bonheur de mes camarades de classe de sexe masculin en arborant un bonnet D.

Si ça avait pu s’arrêter là, ça aurait été parfait. Mais une de mes qualités c’est la générosité, et mon corps a décidé qu’il devait lui aussi se montrer généreux.

On peut dire que grâce à mon opulente poitrine, j’ai bien appris mon alphabet.

A, B, C, D, E, F, G, H,…

En plus de devoir supporter le regard lubrique des hommes souvent bien plus âgés que moi, j’ai également eu une déformation de la colonne vertébrale qui a fait de mon adolescence, un enfer. J’ai dû porter un corset pendant trois ans, jour et nuit.

En gros, j’étais un mélange de Pamela Anderson et de Robocop.

Physiquement, ma poitrine est hideuse. Mes seins m’arrivent au nombril et mon aréole mesure 8cm de diamètre. Sans oublier le fait que j’ai l’impression de porter les soutiens-gorge de ma grand-mère.

Actuellement on trouve de la belle lingerie dans toutes les tailles mais à l’époque, ce n’était pas trop le cas.

Puis, à dix-sept ans, après la remarque de trop qui me fait fondre en larmes, je prends rendez-vous chez le chirurgien pour envisager une réduction mammaire.

J’ai pris plusieurs avis avant de choisir le bon médecin. Mais en tous les cas, tout le monde s’accordait à dire que cette opération était plus que nécessaire vu que mon problème ne se limitait pas à l’aspect purement esthétique.

Cette opération (comme un peu toutes les opérations j’ai envie de dire) n’est pas à prendre à la légère. Avant de prendre ma décision, j’ai pu analyser avec le chirurgien ce qu’il était possible de faire, la taille que je pouvais envisager par rapport à ma morphologie, les suites de l’opération, le résultat final,…

J’ai eu un long délai de réflexion mais je dois bien avouer que ma décision était déjà prise.

Même si j’étais sûre de moi, cela ne m’a pas empêchée d’être très stressée avant l’opération.

La veille, le chirurgien est venu « réévaluer la situation » et faire ses dessins sur mon corps pour savoir à peu près où il allait découper (et m’éviter de ressembler à un Picasso). Rester 20 minutes debout sans bouger dans une chambre où il fait approximativement 45°C, m’a valu de tomber dans les pommes, à poil, dans les bras du chirurgien.

J’aime bien me sentir proche des gens avant d’entamer une vraie relation.

Vous expliquer l’opération en elle-même n’aurait pas trop de sens car c’est propre à chacun. Je peux juste vous dire que c’est douloureux et contraignant quelques semaines mais que le résultat en vaut la peine.

J’ai quand même eu une petite frayeur quand, au lendemain de l’intervention, une infirmière rentre dans ma chambre pour prendre ma tension et me dit : « Ça va ? Les prothèses ne vous font pas trop mal ? »

HEINNNNNNNN ?????

Vous auriez-du voir ma tête. Je pense que si j’avais été debout à ce moment-là, je me serais à nouveau évanouie.

De toute évidence, elle n’avait pas bien lu mon dossier…

Puis, après plusieurs mois, les seins reprennent doucement une place normale.

Le bonheur, quand j’ai reçu l’accord pour porter autre chose que cet horrible soutien-gorge en béton armé, obligatoire après l’intervention.

Ce jour-là, je suis tombée amoureuse de la belle lingerie.

Je m’en souviens encore, un balconnet rouge en dentelle. Un de mes plus beaux souvenirs…

Il m’a quand même fallu beaucoup de temps pour aimer et apprivoiser ma nouvelle poitrine. Dans ma tête, j’avais toujours l’impression d’avoir ces deux énormes pastèques. J’ai longtemps continué à camoufler mes attributs alors qu’il n’y avait plus de raisons.

Aujourd’hui, je peux vous dire que j’assume pleinement mon bonnet E. Mes seins ne sont pas parfaits. J’ai des cicatrices que je n’aime pas particulièrement. Mais j’ai appris à vivre avec et elles me gênent chaque jour, de moins en moins.

Vous commencez à me connaître, vous savez que je pense que rien n’arrive jamais par hasard.

Pour l’anecdote (dont tout le monde se fout mais que j’ai quand même envie de raconter), quand j’étais petite, j’ai chanté une chanson à l’école. Une chanson qui m’a value une bonne punition.

C’était « Couroucoucou Roploplo » d’Elmer Food Beat.

En voici un court extrait :

« Rio de Janvier, Bernard Lavilliers. Moi, j’ai tout oublié sauf tes gros nénés.

J’avais cinq ans…

Mon institutrice n’avait vraiment aucun sens de l’humour !

C’est sûr, je n’oublierai jamais mes gros nénés. J’ai même gardé le soutien-gorge que je portais le jour avant mon opération. Je n’ai aucun regret mais je suis très attachée aux souvenirs…

Et puis, si un jour je décide de me mettre au parachutisme, il pourra toujours me servir.

Tata Mackintosh

4 commentaires

  • 100L

    Quel dommage de renoncer à ce que mère nature vous a miraculeusement offert, alors que tant de femmes rêvent de seins plus généreux, il faut s’accepter comme on est et s’affranchir du regard jaloux et envieux des autres, surtout en pleine libération de la femme. Certes un bonnet E pourrait paraître impressionnant pour certaines et certains mais Je porte chaque jours mon 100L avec fierté et se sentiment d’être unique, et pour finir je préfère mes seins très lourds avec des auréoles très larges qu’une opération contre nature.
    En fait je pense que vous n’étiez pas en paix avec le reflet du miroir plutôt que le regard des autres, si vous avez trouvé la paix intérieur tant mieux, mes seins font partis intégrante de ma personnalité et de ma vie, si je devais me faire opérer ce n’est pas simplement une partie de mon corps que je perdrais mes une partie de mon âme.

    • Tata Mackintosh

      Très cher 100L, merci pour votre commentaire qui relance le débat sur les réductions mammaires. Bien que cela ne regarde que moi, j’ai avant tout effectué cette opération par nécessité, pour raison de santé. Je ne prône pas la réduction mammaire, je partage simplement mon expérience. Si vous me connaissiez personnellement, ou si vous preniez la peine de lire les autres articles de mon blog, vous sauriez que je valorise l’acceptation de son corps peu importe ses formes. Que je suis une femme qui aime ses courbes généreuses et qui les assume pleinement. Rassurez-vous, je n’ai pas perdu une partie de mon âme en enlevant une partie de ma poitrine, j’ai simplement sauvé ma colonne vertébrale. Mais je suis ravie de lire que vous êtes pleinement épanouie et en bonne santé avec vos gros nénés. Amicalement, Tata.

  • Sarah

    Mais que tu es drôle, réaliste & tellement optimiste une fois de plus ! Cet article est délicieux, et pour l’avoir vécu moi aussi, je partage cet avis !
    On ne dira plus « diamonds » mais bien BOOBS are forever » 😜😜💋

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