La magie de Mickey
Je me rappelle bien de ma première fois à Disneyland Paris.
Je devais avoir six ans et ma sœur, quatre.
On nous a réveillées très tôt.
C’était la veille de la Saint-Nicolas.
Et en allant voir ce que le vieux barbu avait déposé dans nos pantoufles, on est tombées dans les bras l’une de l’autre.
On partait voir Mickey !
J’y suis retournée quelques fois après.
Mais il y a peu, j’y suis allée avec un autre statut.
Celui de …
Maman !
Alors est-ce que la magie est la même quand tu y vas en tant que parent ?
Pour commencer, l’excitation d’avant départ est bien différente …
Est-ce qu’on a la casquette, la crème solaire, de l’eau, le doudou, une occupation pour la route, assez de batterie dans le téléphone pour mitrailler Poupinette devant le château des princesses ?
Avant, j’allais là comme une touriste.
De toute façon, il ne pouvait rien m’arriver, vu que j’allais au pays où la magie opère.
Et moi, tant que je voyais ma best, Mary Poppins, et que j’allais dans le manoir hanté, le reste m’importait peu.
Mais là, ma mission était différente.
Ma responsabilité était que ma progéniture passe une des meilleures journées de sa vie.
Et s’il fallait aller jusqu’à danser comme une groupie lors de la parade à côté d’un Tigrou euphorique, bin je l’aurais fait …
Pour garantir un effet de surprise jusqu’au bout, j’ai fait ce que tout bon parent ferait dans ce genre de situation …
J’ai menti.
Mais dire à son enfant qu’on va faire des courses très très loin, n’est pas le mensonge le plus crédible de ma carrière.
C’est vite devenu suspect pour elle.
Mais comme elle m’aime inconditionnellement (ou qu’elle a eu pitié de moi), elle a fait semblant de me croire.
Après 53 « c’est quand qu’on arrive ? », le premier panneau avec la petite souris de Walt apparaît.
Et là, petite déception …
A la question : « Regarde sur le panneau, c’est qui ? », avec beaucoup d’enthousiasme de ma part …
« Bin c’est Mickey » (en même temps c’est logique), n’est pas la réaction que j’espérais.
C’est au troisième panneau que j’ai vu la joie se dessiner sur son visage quand elle a compris où on allait vraiment.
Mais surtout, qu’on allait y manger des frites.
Les enfants sont ingrats …
Une fois dans le parc, les oreilles de Minnie posées sur la tête de la lardonne (faut avouer que c’est quand même mignon…), nous débutons notre visite du parc avec la parade.
Et bin, j’ai eu ma petite séquence émotion …
Voir ton enfant s’extasier devant ses personnages de dessins animés préférés, ça fait un petit quelque chose.
Par contre, si j’avais su que voir des princesses mettrait ma fille d’aussi bonne humeur, j’aurais été la réveiller vêtue de ma robe de mariée en sifflotant et en battant des cils tous les matins …
Autre chose qui change, quand tu vas dans ce lieu de perdition en tant que daron, c’est le pognon.
Non mais à quel moment, on est passé d’une journée certes chère, mais où tu en as quand même pour ton argent …
A, il faut vendre un rein et un poumon juste pour pouvoir payer le parking ?
Là aussi, si j’avais su qu’on pouvait vendre de l’eau au prix de l’or, j’aurais dessiné deux ronds noirs sur des bouteilles d’eau du robinet et lancé un business juteux il y a bien longtemps.
Mais quand on va là, on le sait, et on doit s’estimer chanceux et ne pas s’en plaindre.
Moi, je n’ai qu’une morpionne …
Mais je trouve ça dommage, de rendre inaccessible financièrement, le rêve de certaines familles.
Autre constat, le parc principal m’a semblé beaucoup plus petit que dans mes souvenirs.
Alors bien entendu, je n’ai pas pu faire tous les manèges.
Je n’allais pas emmener mon précieux sur les attractions à sensations fortes, alors qu’elle a la même taille que les nains de Blanche-Neige.
Mais malgré le fait qu’il y avait de longues files d’attente partout, j’ai quand même eu l’impression de faire le tour du parc assez rapidement.
Je me suis quand même fait un petit plaisir, et fait le Space Mountain, qui a été revisité sur le thème de Star Wars.
La fan de Dark Vador que je suis, ne pouvais pas passer à côté de ça.
Ce qui m’a donné l’envie de refaire une journée parc d’attraction, mais juste entre adultes.
Pour apprécier le moment comme quand j’avais seize ans.
Parce que quand tu fais ça avec ta descendance, tu ne profites pas de la même façon.
Mon objectif principal, était de ne pas la perdre (en tout cas, pas de manière intentionnelle).
Il y a tellement de monde et de distractions, que tu aurais vite fait de choper par mégarde le mioche de quelqu’un d’autre et de t’en rendre seulement compte dans la file d’attente de Peter Pan.
Vas-y après pour retrouver ton gosse quand ils sont tous habillés en Cendrillon ou en Capitaine Crochet.
En espérant aussi, que l’autre parent désorienté ne se rende pas compte qu’il a peut-être gagné au change et ne décide de l’emmener au pays imaginaire …
Alors faut quand même admettre quelque chose, c’est que même en tant qu’adulte, Disneyland reste vraiment un bel endroit.
Visuellement, ta rétine en prend un coup.
Et tu as vraiment l’impression d’être dans un monde parallèle le temps d’une journée.
Tu es tellement embarqué dans l’univers, qu’il n’est pas surprenant que tu finisses ta journée avec un tee-shirt à l’effigie de Simba et les oreilles de Dingo …
Objets, on est bien d’accord, que tu ne porterais jamais en temps normal pour aller bosser par exemple (imagine la tronche de ton boss…).
Alors dans l’ensemble, même si ce n’est pas vraiment pareil d’aller à Disneyland en tant que maman que quand j’étais petite fille ou jeune adulte, j’ai passé une bonne journée.
Le but était de faire plaisir à ma fille, en lui offrant un instant magique.
Et cet objectif a été atteint.
Puis lors de cette journée riche en découvertes, émotions et vigilance en tout genre (pour ma part), ma fille et moi, avons quand même eu un point commun …
Lorsque les douze coups de minuit ont sonnés, il n’a pas fallu attendre la sortie du parking, pour que nous ayons toutes deux rejoint, le pays des rêves …
Tata Mackintosh