La vie de Tata

« Je suis désolé. C’est terminé. »

Il y a un peu moins de quatre ans, j’étais enceinte pour la première fois.

Mal aux seins, fatiguée, nausées et envie de manger des hamburgers mayonnaise/andalouse au petit-déjeuner.

Début de grossesse normal.

Puis, l’échographie des trois mois est arrivée.

J’étais sur mon petit nuage. J’attendais avec impatience, de pouvoir faire ma grande annonce.

Mais trop souvent, la vie est injuste.

« Je suis désolé. C’est terminé. », m’a dit mon gynécologue, en posant sa main sur ma cuisse en signe de réconfort.

Il m’a dit qu’il fallait que j’attende, car cela allait probablement s’évacuer tout seul. Et que dans ces moments-là, on ne voulait voir personne.

Il avait raison.

Une semaine.

Ça passe vite une semaine.

Sauf dans ces cas-là …

C’est le temps qu’il a fallu pour que « j’accouche » de mon minuscule bébé.

Une semaine durant laquelle, j’ai eu l’impression que mon corps était un cercueil.

Puis, j’ai vécu un mini accouchement. Mais seule, avec mon mari, dans ma salle de bain.

C’était très douloureux. Aussi bien moralement, que physiquement.

Mais le plus difficile dans cette situation, ce sont les réflexions des gens.

« La nature est bien faite. »

« Ce sera pour la prochaine fois. »

« Tu sais, la voisine de la cousine de mon ex beau-frère a eu la même chose. »

« Ce n’était qu’un fœtus. »

Et j’en passe …

Cela m’a mise dans une colère immense.

J’ai commencé à penser égoïstement.

Je n’en avais rien à faire que cela arrive aussi aux autres.

Je voulais juste que cela ne m’arrive pas à moi.

Je voulais qu’on me laisse pleurer ce bébé. Car oui, pour la médecine c’était un fœtus. Mais dans mon cœur, c’était mon bébé.

En trois mois, on a le temps de s’imaginer et d’envisager beaucoup de choses.

Est-ce une fille ou un garçon ?

Quel prénom va-t-on lui donner ?

On doit même déjà chercher une crèche, au risque de ne pas avoir de place.

On n’a parfois pas envie d’en parler, mais les gens sont curieux et posent trop de questions.

Puis, ils ne savent pas quoi répondre. Alors, ils se sentent obligé de dire une connerie.

J’avais juste envie de leur répondre : « Ta gueule ! »

Parce que je croyais que ma vulgarité leur ferait comprendre à quel point j’avais mal.

Mais non.

Comme beaucoup de situations, tant qu’on ne l’a pas vécu, on ne peut pas le comprendre.

Le terme peut choquer certaines personnes, mais j’ai dû faire le deuil de cet enfant.

La seule chose qui m’a un peu aidée, c’est de lire des témoignages de femmes qui avaient vécu et surtout ressentaient la même chose que moi.

C’est pour cette raison, que j’ai décidé de vous raconter ce moment de ma vie aujourd’hui.

Pour aider.

Si quelqu’un en a besoin …

Cela fait bientôt quatre ans.

J’ai eu depuis, une deuxième très belle grossesse.

Et je suis la fière Maman d’une petite fille épanouie et en bonne santé.

J’ai de la chance.

Mais je n’oublie pas.

Et je n’oublierai jamais.

La nuit dans le ciel, les étoiles brillent.

Et une de ces étoiles …

C’est la mienne.

Tata Mackintosh

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *