Miroir, mon beau miroir …

L’autre jour, je me suis regardée de près dans la glace.

De très près.

Presque la pommette collée au miroir.

Tellement rapprochée, que quand je respirais ça faisait de la buée.

Mauvaise idée …

Je n’aurais jamais dû faire ça.

Mais c’est comme soulever l’assise de son canapé après un certain temps.

On sait que c’est une très mauvaise idée, mais on le fait quand même.

Car on y trouve des choses qu’on aurait préféré ne jamais voir (pour la team « je mange souvent dans mon canap »).

Je dors très peu en ce moment.

Et quand je dors, je n’ai pas vraiment un sommeil de qualité.

Et bin de près, ça se voit sur ma face.

Déjà, j’ai trois boutons.

Ce qui, sans me vanter, ne m’arrive quasiment jamais.

Et je peux vous dire que ce trio est aussi soudé que les Destiny’s Child.

J’ai hâte que celui du milieu entame sa carrière solo.

Puis, j’ai remarqué que de petits sillons étaient en train de se creuser autour de mes yeux.

Sillons confortablement installés sur leur petit lit vert bleuté.

Mes cernes !

Manquerait plus que je tombe sur mon premier cheveu blanc !

Mais je ne l’aurai peut-être pas supporté, alors je me suis arrêtée avant.

Un de mes petits côtés complètement superficiel mais complètement assumé, c’est que je prends grand soin de ma peau. 

La nana qui prends trois heures dans la salle de bain ?

Présente !

Rappelez-vous l’épisode du brushing …

Mais j’aurai beau utiliser les meilleures crèmes du monde, le temps qui passe et le manque de sommeil auront toujours gain de cause sur mon petit minois.

Je pensais honnêtement que ça ne me posait aucun problème.

J’ai toujours apprécié mon visage.

J’aime mes traits, mes tâches de rousseurs, mon unique fossette et même mes grosses joues quand je souris.

J’aime un peu moins mon début de double menton mais ça, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même et aux biscuits apéro que j’avale présentement en écrivant cet article.

Je ne me suis jamais vraiment inquiétée d’avoir une petite imperfection de temps en temps, ou de l’apparition de ridules autour de mes globes oculaires.

Mais ça, c’était quand j’avais un teint de porcelaine et la peau aussi lisse qu’un cul de bébé !

Maintenant que les premiers signes de l’âge débarquent, je perds cette insouciance.

Parce que faut pas se voiler la face.

Ce n’est que le début. 

Un jour, une oie finira par déposer ses empreintes de pas sur mon visage.

Et en guise de tronche, j’aurai une typographie des cours d’eau d’Europe.

Pour la première fois en trente-trois ans, me regarder de si près dans le miroir, m’a fait un petit choc.

Puis, deux ou trois jours plus tard, en me perdant sur Instagram une après-midi (j’y allais au départ, comme tout le monde , cinq minutes), je suis arrivée sur un filtre qui m’a transformée en deux secondes chrono, en bombasse.

Et j’ai eu une pensée …

C’est ça qu’il me faudrait le matin à la place de ma crème de jour !

Aussitôt pensé, aussitôt regretté.

Limite, je me serais collée une baffe.

Non, mais c’est vrai !

Regardez la photo.

A quel moment, j’aurai envie de ressembler à ça ?

Chacun fait ce qu’il veut de son corps et je respecte ça.

Mais je suis convaincue que le monde irait un peu mieux, si chacun se trouvait beau naturellement.

Sans toujours vouloir ressembler à quelqu’un d’autre que soi.

Contrairement à ce que certains médias peuvent nous faire croire, il n’y a pas qu’une seule façon d’être beau physiquement.

Et moi, qui pense ça, j’ai réussi pendant deux secondes à me dire que je serai mieux avec un visage impossible à reproduire dans la réalité (sans passer par la case chirurgie).

Ce jour-là, je n’étais pas maquillée.

En mode, « I woke up like this ».

Pourtant ce filtre a réussi à me faire …

Un teint lumineux et sans défauts, mais qui du coup, fait très faux.

Un bronzage tellement On fleek, qu’on dirait que je reviens de Punta Cana alors qu’en vrai c’est plutôt Dunkerque.

Un nez si fin, que je me demande comment je vais encore pouvoir respirer.

Des pores inexistants, au point de ne plus savoir transpirer.

Et une chevelure de rêve (bon ça c’est naturel, alors je garde).

Et je m’étonne que ce filtre ne m’ait pas un peu gonflé les lèvres.

Chéri a dit qu’il me trouvait moche sur la photo.

Et que j’étais bien plus belle en vrai.

Vous auriez vu ma dégaine ce jour-là …

Avec mon pantalon de pyjama, mon kiki sur la tête et le nez tout rouge à force de me moucher.

Mais l’intention y était, alors j’ai quand même augmenté son compteur de points

Et puis en vrai, j’aime croire que je suis quand même mieux en vrai que sur cette photo.

Sinon, je n’en aurais pas terminé de me tourmenter à chaque fois que je me regarde dans la glace.

Ce qui m’inquiète, c’est que je pensais ne pas avoir peur de vieillir esthétiquement parlant.

Je me rends compte que ce n’est pas tout à fait le cas.

Et pour être honnête, cela m’étonne un peu.

Alors loin de moi l’idée de me faire tirer ou injecter quoi que ce soit.

Mais j’espère quand même que la gravité aura un peu pitié de moi …

Tata Mackintosh