A quand le petit deuxième ?
Moi, j’étais cool.
Un CDI.
Un mari.
Une maison.
Un chien.
Un bébé.
Pas forcément dans cet ordre, mais j’ai rempli naturellement toutes les cases que notre chère société, aux normes sociales de plus en plus aberrantes à mes yeux, attendait de moi.
Suite à tout ça, j’ai cru naïvement que j’allais pouvoir vivre ma petite vie, pépère et tranquille.
Et que les indiscrets allaient enfin passer leur chemin, en voyant que j’avais coché toutes les cases de l’absurde check-list distribuée implicitement à toutes les femmes à leur naissance.
Mais, j’avais probablement oublié de lire les petites notes en bas de page …
Avoir UN enfant ne suffit pas !
Si la société devait me remettre un bulletin, j’aurais un 7/10.
Avec en note : « Pas mal, mais peut mieux faire. »
Dans mon monde à moi, pour être considérée comme une mère non égoïste, il faut au minimum avoir deux marmots.
Sinon, on ne te laisse pas tranquille.
A peine avais-je accouché, qu’on me posait déjà la question.
« Vous allez faire un deuxième rapidement ? »
Je n’exagère pas !
On m’a vraiment posé cette question, alors que cela ne faisait même pas encore 48 heures que j’avais expulsé l’équivalent d’une pastèque de mon utérus.
Et avec le temps, c’est de pire en pire.
Là, j’arrive à un moment fatidique (pour les autres, pas pour moi).
Ma fille va faire sa rentrée à l’école.
Et je ne sais pas pourquoi, mais quand ta progéniture fait son entrée dans le monde des grands, il paraît logique pour les autres, que toi, tu replonges à nouveau dans celui des tout-petits.
Je sais que les gens sont juste curieux et qu’ils sont très souvent pourvus de bonnes intentions.
Mais l’enfer aussi, je vous rappelle …
Qu’on me pose la question, parce qu’on est juste désireux de savoir (même si dans le fond, ça ne regarde personne), je trouve cela un peu intrusif mais je n’en fais pas une affaire d’état.
Ce qui me pose problème, c’est quand je réponds « Non. » ou « Je ne sais pas. », et que les gens me disent …
« Mais tu ne vas pas faire un enfant unique quand même ? »
« C’est égoïste de ta part de ne pas offrir un petit frère ou une petite sœur à ta fille. »
« Et donc, tu obliges ton unique descendance, à s’occuper seule de toi quand tu seras vieille ? »
Aux yeux de ces personnes, j’ai l’impression d’être un monstre.
Pourtant moi, quand je me regarde, je vois juste une femme qui a envie de prendre les décisions qui lui conviennent.
Et ces remarques, sont toujours adressées directement à moi …
Il n’y a quasi jamais de « vous ».
Personne n’a jamais osé faire de telles réflexions à Monsieur.
De temps en temps une petite allusion, mais rien qui pourrait presque l’accuser d’être un criminel !
Mais Chéri a un grand atout dans son pantalon, lui.
Une paire de testicules qui fonctionnera probablement plus longtemps que ma paire d’ovaires.
Du coup, on ne le (op)presse pas, lui.
Pour le moment, je ne sais honnêtement pas si j’ai envie ou non d’un deuxième enfant.
La porte n’est ni ouverte, ni fermée.
Mais je viens d’y apposer une pancarte avec marqué dessus : « Occupe-toi de tes affaires !».
Ma fille ne sera pas malheureuse si elle reste fille unique.
Et je n’ai de toute façon pas conçu un enfant dans le but qu’il s’occupe de moi durant mes vieux jours.
J’ai la grande chance de pouvoir vivre ma vie de femme en pouvant choisir le nombre de bambins que je désire, et aussi le moment où je souhaite les faire.
Suis-je égoïste de vouloir garder un peu de temps pour moi ?
Non.
Je suis une personne responsable, qui fais des enfants en toute connaissance de causes.
Excusez-moi, mais …
Est-ce les moralisateurs qui vont se lever la nuit ?
Est-ce eux, qui vont se stresser parce qu’il faut s’organiser après une longue journée de travail pour récupérer le premier mouflet à l’école, le deuxième chez la gardienne, faire les devoirs, faire le souper, donner le bain, préparer les affaires pour le lendemain, et limite pleurer quand ils sont au lit, parce qu’on a même pas eu le temps de vraiment en profiter ?
Et est-ce eux, qui vont sacrifier un peu de leur temps libre pour conduire lardon n°1 au poney, lardon n°2 au rugby et (parce que je suppose que quand tu en as deux, on te pose la question du troisième …), lardon n°3 au cours de flûte à bec ?
Je ne crois pas …
Alors, à la prochaine personne qui me dira encore : « Oui, mais ta fille ce n’est qu’un brouillon ! » …
A mes yeux, ma fille c’est la perfection.
Et mêle-toi de tes oignons !
Tata Mackintosh